Guerre Israël-Hamas : de retour d’un hôpital de Gaza, un urgentiste de Rodez témoigne de l’horreur

Publié le , mis à jour

Pascal André, qui a apporté son aide au sein de l’hôpital Khan Younès dans l’enfer de Gaza, va tenir une conférence à Rodez pour témoigner de son expérience.

Des médecins français sont partis en mission dans la bande de Gaza en février 2024, au sein de l’Hôpital européen de Khan Younès. Ils ont été directement confrontés à l’horreur de la situation sur place. Parmi eux se trouvait l’urgentiste ruthénois Pascal André. Il a apporté son aide dans l’enclave du 8 au 21 février (puis à la fin mars à Rafah) avec l’association Palmed France.

Dans une vidéo tournée sur place, Pascal André explique travailler aux côtés d’une "équipe internationale composée de Jordaniens et d’Américains" pour rejoindre "les médecins originaires de Khan Younès et tous les médecins originaires des autres hôpitaux de Gaza qui ont fui leurs maisons, qui ont été détruites, et leurs hôpitaux qui ont été détruits".

"Du sang partout, des cadavres partout"

L’urgentiste ruthénois a recueilli des témoignages sonores et filmés du désespoir brutal dans lequel sont jetés les habitants de Gaza, qui vivent au rythme des bombardements et des fusillades depuis plus de 6 mois. "Je suis médecin en réanimation. Avant la guerre, j’avais une vie normale", raconte un professionnel palestinien qui travaille à Khan Younès après avoir fui les massacres dans le nord de Gaza avec sa famille. "Mais soudainement, tout a changé. La guerre a tout détruit. Nos foyers, nos terres, nos espoirs, nos vies. Il n’y a plus d’endroit sûr à Gaza. Partout où tu vas, il y a le danger. Des fusillades partout, des missiles partout, du sang partout, des cadavres partout"

Des images réalisées sur place par Pascal André que ce dernier va diffuser à Rodez, mardi 23 avril 2024 à l’occasion d’une conférence ouverte à tous. L’urgentiste répondra aux questions des Aveyronnais sur ses missions à l’étranger et les maigres conditions de vie dont il a eu un aperçu à Gaza. La séance de questions/réponses se tiendra à partir de 20 h, à la Grange de Floyrac à Onet-le-Château.

La veille, Pascal André sera à Saint-Affrique à 20 h 30, dans la salle du Familial. Il partagera son témoignage sur les ondes de Radio Saint-Affrique.

"Je prescris des médicaments qu’on ne peut plus trouver"

Des enfants ensanglantés et en pleurs sur des brancards, des opérations complexes réalisés sans antidouleurs sur des patients, le grave épuisement des équipes médicales… Les vidéos tournées par Pascal André, que Centre Presse Aveyron a pu consulter, dépeignent les conditions inhumaines dans lesquelles vivent les Palestiniens.

"Même dans cet hôpital, il n’y a pas assez de médicaments. Il y a une surpopulation de patients. Les maladies infectieuses se répandent : les grippes, les pneumonies, les maladies dermatologiques telles que la galle, l’hépatite A… "Les lits manquent, et les réfugiés blessés s’allongent dans les couloirs et les halls de l’établissement par centaines. "Je suis triste pour les patients. Ils viennent dans cet hôpital en étant malade, et je leur prescris des médicaments qu’on ne peut plus trouver, ni dans l’hôpital ni dans d’autres cliniques", témoigne un médecin sur place.

L’urgentiste Pascal André a constaté de lui-même la fatigue extrême qui pèse sur les médecins de l’hôpital de Khan Younès. Certains racontent avoir marché pendant des jours après avoir fui leur foyer dans le nord de Gaza, où les frappes israéliennes étaient concentrées les premières semaines du conflit et où l’armée de l’État hébreu a débuté les opérations armées terrestres. D’innombrables familles sont mortes en voulant fuir vers le sud.

Dans l’hôpital de Khan Younès, "nos équipes sont épuisées. Les mêmes médecins s’occupent des patients, tous les jours. Des membres de nos équipes ont perdu la vie". Un soignant explique qu’un de leur collègue est décédé récemment. "Sa famille et lui ont été victimes d’un bombardement sur sa maison. 25 personnes sont mortes". Le soignant dénonce que les médecins et les infrastructures médicales soient pris pour cible. "C’est très dur de gérer au cœur de ce génocide, de ce massacre".

"Nous sommes à la veille d’une véritable boucherie si personne n’appelle à un cessez-le-feu", supplie un médecin israélien dans la vidéo de Pascal André.

Plus que jamais des inquiétudes à Gaza

Alors que la communauté internationale appelle au cessez-le-feu sur Gaza, le conflit risque de rentrer dans une nouvelle dimension depuis l’attaque de l’Iran dans la nuit de samedi 13 avril. Près de 300 projectiles ont été lancés contre Israël, en réponse à une frappe israélienne présumée contre un consulat iranien en Syrie le 1er avril. Il s’agissait de la première attaque directe de l’Iran sur le territoire israélien, les tensions ont rarement été aussi fortes dans la région.

Dans la bande de Gaza, les forces israéliennes sont mobilisées au nord de l’enclave, tandis que les bombardements se poursuivent dans le sud. Toujours au sud, un potentiel assaut sur la ville de Rafah est la source de nombreuses inquiétudes, car c’est ici que sont venues se réfugier des centaines de milliers de civils qui ont fui les combats ces derniers mois.

La guerre a commencé le 7 octobre 2023, après l’attaque du Hamas qui a coûté la vie à 1 200 personnes. Depuis, 33 000 Palestiniens auraient été tués dans les représailles israéliennes

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