Aubrac : les prairies, des atouts réels face au changement climatique

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Centre Presse Aveyron

Regarder les enjeux en face. C’est avec cette ambition que Bernard Bastide, président du Parc naturel régional de l’Aubrac, a ouvert cette toute première Conférence Agriculture à Saint-Chély-d’Aubrac. "Nous avons conscience des difficultés que traverse le monde agricole. Mais oui, il y a aussi des richesses, des ressources : l’eau, l’herbe, les paysages. Les préserver et les valoriser, ce sont les missions premières des Parcs."

Deux experts avaient été invités pour l’occasion. Vincent Cailliez, climatologue pour les Chambres d’Agriculture du Massif Central, a présenté plusieurs projections pour l’Aubrac en 2050. En moyenne + 3 °C de température, une augmentation de l’évapotranspiration des végétaux et un renforcement du déficit en eau. Diminution de la pluviométrie l’hiver, intensification des averses orageuses d’été, rendant les fenaisons plus compliquées. Une avancée de la pousse de l’herbe de 3 à 4 semaines sur le haut plateau, pour imager ces changements, le climatologue a comparé ces évolutions aux conditions optimales pour des cultures viticoles. En 2050, un quart de l’Aubrac pourrait avoir un climat adapté à la production de vin de Bordeaux, et même de rosé de Provence sur une partie !

"On n’échappera pas au changement climatique" a poursuivi Pierre-Marie Le Hénaff, scientifique au Conservatoire botanique du Massif Central. “Année après année, les agriculteurs constatent les sécheresses, les manques d’eau et les prairies qui souffrent. Ils s’adaptent, font des choix, tentent des choses mais globalement, ils subissent. On sait ce que dit la science, maintenant regardons ensemble comment avancer collectivement. Avant, les prairies permanentes fonctionnaient toutes seules, maintenant il faut s’en occuper, c’est important car elles sont à la base de la rentabilité des fermes.”

Des prairies diversifiées pour passer les aléas climatiques

Les prairies sont justement au cœur d’un programme d’action du Parc qui démarre cette année pour 3 ans, doté d’un financement de 470 000 euros issus du Fond vert de l’État et de l’Agence de l’Eau Adour Garonne. “Ce programme “Trames” est destiné à travailler sur la préservation et la restauration des infrastructures environnementales qui comptent pour les élevages : prairies principalement, mais aussi haies, bandes boisées, arbres fourragers, milieux humides…” a précisé Didier Cassagnes, agriculteur et élu au Parc. “Nous proposons d’avancer collectivement sur la compréhension des prairies, de faire des réunions de bout de champs, des expérimentations pour comprendre leur diversité et leurs évolutions, pour apprendre à les exploiter au meilleur moment” explique Pierre-Marie Le Hénaff. “En Aubrac les gens travaillent déjà très bien, mais avec des sécheresses, des chardons, des rats… Il faudra devenir plus technique. Prairies permanentes et prairies temporaires, il faudra avoir de tout pour passer les aléas climatiques.”

Préserver et faire valoir les atouts des prairies

Productions agricoles de qualité, stockage et purification de l’eau, paysages et économie touristique etc. L’élevage à l’herbe mérite d’être beaucoup plus valorisé. “Avec 85 % de surfaces en herbe, le Massif Central est un eldorado pour le stockage du carbone atmosphérique dans les sols, un levier important dans la limitation du réchauffement climatique” a insisté le chercheur. "Plus les prairies sont anciennes et plus elles possèdent des espèces végétales diversifiées, plus elles stockent du carbone. Il vous faut le préserver et le faire valoir ! "

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