Football - Rodez : Valentin Henry, la Coupe à la maison

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  • Valentin Henry avec les supporters du Stade brestois. Là où tout a commencé pour lui bien des années plus tôt.
    Valentin Henry avec les supporters du Stade brestois. Là où tout a commencé pour lui bien des années plus tôt. Le Télégramme - Nicolas Créach
Publié le , mis à jour
Aurélien Parayre

S’il en est un pour qui le 32e de finale de Coupe de France Brest – Rodez, qui doit se disputer ce mercredi 10 février (17 heures), éveille d’intenses sentiments, c’est bien Valentin Henry. Natif du Finistère, il a passé 20 ans au Stade Brestois avant sa signature à Rodez en 2019. Le latéral évoque ainsi ce "deuil" du SB29, son enfance dans le kop ou encore sa famille qui le pousse au quotidien. 

Un enfant du SB29. Un vrai. De ceux qui jubilent en poireautant des heures, sous la pluie bretonne évidemment, pour apercevoir leurs héros en qui ils se rêvent. Et, pour lui, l’inaccessible est finalement devenu réalité. Après avoir fait la course aux dédicaces ou encore aux si prisés billets pour Francis-Le Blé, Valentin Henry a porté le maillot de l’équipe fanion des Finistériens. Jusqu’en 2019 et son départ, à 25 ans, pour Rodez, fraîchement promu en Ligue 2.

"C’est un match particulier au niveau des émotions ", nous lance-t-il d’abord, ce lundi matin tôt, avec la pudeur des joueurs de foot à qui l’on conseille souvent une communication policée. Nous sommes alors dans un vestiaire préfabriqué de Vabre, juste avant la séance d’entraînement. L’ambiance est intimiste, on respire le foot, celui des pelouses grasses. Le cœur rouge et blanc du petit gars de Portsall, pas adepte de surcroît de la langue de bois, finit par parler. " Le deuil du fait que j’ai quitté Brest a déjà été fait", lâche-t-il. Le deuil, renvoyant à une certaine mort, donc. "Quand tu as passé 20 ans dans ce club et qu’il t’a tout donné, ça fait toujours un petit sentiment de fierté, de bonheur, de joie de pouvoir revenir là-bas, argue le piston droit ruthénois. Même s’il manquera les supporters et que cela sera dommage de ne pas respirer cette atmosphère, la magie de la Coupe de France fait que ça reste un match particulier pour moi."

Kop et bataille pour avoir un billet d’entrée au stade

Les supporters, la ferveur populaire. Une ville et un stade qui se confondent bien souvent en temps hors Covid. Le natif de Brest en sait quelque chose : "Je l’ai vécu, senti. J’étais dans le kop quand j’étais petit, c’est une ville qui a toujours vibré pour le foot, par les supporters, même si c’est un petit stade. Et de poursuivre : L’année où on est monté en L1, ils étaient 10 000 à chaque match, ça se battait pour avoir des billets ; comme moi je me battais pour en avoir quand j’étais petit. "

Ce sentiment d’appartenance partagé par tout un territoire est fort. Et reste gravé pour celui qui est bien parvenu en 2019 à succéder côté droit à un des chouchous de Paul-Lignon, Jérémy Mellot. "Quand j’ai signé pro au SB29, il y avait la fierté du joueur formé au club, le local qui réussissait, explique Henry. Les Brestois sont très fiers et ils veulent avoir la représentation de cette fierté dans leur équipe fanion. On était 5 ou 6 joueurs issus du centre à jouer régulièrement. On l’a senti, on a été pris sous l’aile des supporters. Ils se reconnaissaient en nous, en nos valeurs. C’était une fierté pour eux, pour nous aussi. "

Pour autant, aujourd’hui, l’heureux papa de Roméo né le 4 décembre dernier sur le Piton, "fait la part des choses". "Je suis très content de revenir à Brest, mais dans la peau d’un joueur de Rodez. Et d’expliciter : Ça a été dur de partir. Je ne pouvais pas avoir un autre club que Brest dans mon cœur. Mais aujourd’hui, je suis à Rodez et mon objectif est de gagner avec Rodez, il n’y a pas de souci là-dessus. " D’ailleurs, rétrospectivement, le choix fait de quitter son bout de terre finistérienne le comble. "Je n’ai aucun regret. Cela a répondu totalement à ce que j’espérais, détaille-t-il. On a quitté notre cocon, toute notre famille. On était très couvés là-bas ; mes performances l’étaient aussi par les supporters. Je suis arrivé ici et je me suis retrouvé dans la peau d’une recrue qui devait faire ses preuves. J’avais à cœur d’accomplir de nouvelles choses ; d’éprouver cette indépendance vis-à-vis de nos familles avec ma femme. " Un entourage qui attend d’ailleurs le match du jour de pied ferme ! "Eux, quand ils ont vu le tirage, ils ont été les premiers à m’envoyer des messages, sourit Henry. Ils ont vraiment envie qu’on gagne. Il y a un peu de rancœur (rires). Ils auraient aimé que je reste là-bas auprès d’eux… " Ils seront là, avant et après la rencontre ; et son grand-père maternel, "Papou", celui qui débriefe tous ses matches, "est même parti pour acheter la chaîne juste pour ce match (rires)".

"Jamais dire que je n’ai pas envie de revenir à Brest"

Mais, au fait, l’hypothèse d’un retour aux sources, un jour, est-elle dans un coin de sa tête ? "Je ne pourrai jamais dire que je n’ai pas envie de revenir à Brest, ce serait faux, livre l’homme aux 19 matches de L2 cette saison. Ça restera toujours le club dans lequel j’ai envie de finir ma carrière ou, du moins, dans lequel j’ai envie de retourner pour prouver que le joueur que j’étais n’est plus, et que je peux revenir dans la peau d’un titulaire. " Néanmoins, cela ne semble pas pour demain. "Aujourd’hui, on a un sentiment de bien-être. Depuis qu’on est ici à Rodez, on ne voit pas le temps passer, tout est au top dans le club et les à-côtés ", détaille celui qui, habitant à Vabre, dit se rendre à l’entraînement "en trottinette électrique " ; et dont la compagne Coralie Lair, Bretonne également et avocate d’affaires dans un cabinet ruthénois, apprécie aussi le cadre aveyronnais. "Elle dit toujours qu’elle aura un pincement au cœur quand on partira ", appuie Valentin Henry. L’Aveyron, ça les gagne.

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