Alain Miquel, patron du Mistral à Paris, avec son frère Didier : "On fait le plus beau métier du monde !"

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    Alain Miquel, toujours fidèle au Mistral. Emmanuel Pons
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A Paris, Emmanuel Pons

Patron, avec son frère Didier, de la brasserie Le Mistral, à Paris, après le rachat de l’affaire à leurs parents Alexandre et Odette en 1990, un bistrot qu’ils avaient eux-mêmes acquis en 1954, Alain Miquel partage sa vie entre la capitale et l’Aveyron, où il est vigneron, heureux propriétaire de vignes en vallée d’Olt qui produisent le fameux vin AOP d’Estaing.

Alain Miquel l’affirme : "L’Aveyron, c’est chez nous !" Car si le restaurateur dirige, avec son frère aîné Didier, Le Mistral, rue des Pyrénées dans le XXe arrondissement de la capitale, c’est bien son département qu’il met en avant, lui qui possède par ailleurs quelques hectares de vignes du côté d’Estaing.

"Avec Didier, on se relaie entre Coubisou et Paris, précise-t-il. On fait des allers-retours." Il faut dire que le jeune Alain, dont les parents, Alexandre et Odette, ont repris Le Mistral en 1954, huit ans avant sa naissance, en 1962, a grandi "entre le bistrot et l’Aveyron" où il passait toutes ses vacances, à la ferme, chez sa grand-mère et son oncle.

Le Mistral, une affaire familiale depuis 1954.
Le Mistral, une affaire familiale depuis 1954. Emmanuel Pons

"J’ai été élevé comme un fils de paysan, à Crozillac, sur la commune de Montpeyroux, dit-il fièrement. Mon cousin Bernard, c’est comme mon petit frère." Une jeunesse aveyronnaise – entre Espalion et Laguiole, "coustoubis et montagnol" – dont il conserve "de bonnes valeurs de patience, d’humilité, de travail et d’effort". Ces valeurs qu’il met ensuite au service de ce bistrot qu’il rachète à ses parents, en 1990.

Le Bougnat du métro

Mais avant d’être rebaptisé le Mistral, en 1954, l’établissement, un ancien bois et charbon, se nommait Le Bougnat du métro, puisque situé en face de la station Pyrénées. "Mais ça faisait un peu ancien, à l’époque, même si, aujourd’hui, nous revendiquons cet héritage, note Alain Miquel. De plus, on ne vendait plus de charbon. Alors mes parents ont choisi Le Mistral, comme le train Paris – Marseille. Ça avait alors une connotation moderne."

Alain Miquel, devant la fresque stylisée du Mistral.
Alain Miquel, devant la fresque stylisée du Mistral. Emmanuel Pons

Des parents dont il prend donc la suite, en 1990, avec son frère Didier. "On a fait des travaux d’agrandissement en aménageant, notamment, l’ancienne réserve à charbon qu’on a vidée. Mon père avait un côté brocanteur. Finalement, il m’a dit que je pouvais tout jeter, sourit-il. Et, en plus du café, on a décidé de faire aussi de la restauration."

De gauche à droite : la grand-mère Agnès Albenque, Didier Miquel, le grand frère – né en 1958 avant Annick en 1960 et Alain en 1962 – dans les bras de leur maman Odette Miquel, Françoise, originaire de Bretagne et Jeannine, d’Estaing, toutes deux serveuses et le papa, Alexandre Miquel. À genoux, Pierre qui, après la guerre, n’avait plus de famille, "adopté" par les parents Miquel.
De gauche à droite : la grand-mère Agnès Albenque, Didier Miquel, le grand frère – né en 1958 avant Annick en 1960 et Alain en 1962 – dans les bras de leur maman Odette Miquel, Françoise, originaire de Bretagne et Jeannine, d’Estaing, toutes deux serveuses et le papa, Alexandre Miquel. À genoux, Pierre qui, après la guerre, n’avait plus de famille, "adopté" par les parents Miquel. Reproduction L’Aveyronnais

Le jeune Alain ne se destinait pourtant pas à travailler dans ce secteur. "J’ai fait des études d’électronique. J’aimais bien la musique, aussi. Mais j’ai vite compris que le bistrot, c’était pas mal. Après l’armée, en Allemagne, j’ai été serveur pendant quelques années avant de racheter le Mistral, avec mon frère, à mes parents. D’ailleurs, je les remercie de nous avoir vendu l’affaire. Ça leur a permis d’avoir une meilleure retraite", se réjouit-il. "J’avais 28 ans à l’époque. C’était assez jeune et, déjà, je me disais que j’arrêterais avant 40 ans pour revenir en Aveyron. J’ai toujours besoin de retourner là-bas, pour mon équilibre."

Le Mistral, "centre du monde"

Mais la vie en a décidé autrement. Et Alain Miquel n’a pas tout à fait quitté la capitale, lui qui a un pied à Paris et l’autre, chez lui, en Aveyron. Et il ne s’en plaint pas. "J’ai réalisé que ce métier était le plus beau du monde. Il n’y en a pas beaucoup où les gens viennent chez vous parce qu’ils vous aiment, s’enthousiasme le Nord-Aveyronnais. Et puis la clientèle est très variée. J’ai fait de belles rencontres, grâce au Mistral. C’est comme si j’avais fait le tour de la planète." Un tour de la planète que Christopher Klein, diplomate américain, devenu ami des Miquel, affirme vouloir achever ici même, dans cette brasserie de l’avenue des Pyrénées, à Paris : "Le Mistral, c’est le centre du monde !", affirme-t-il.

"Une vie dont beaucoup rêvent"

Alain Miquel, lui, le situerait plutôt chez lui, en Aveyron, du côté d’Estaing où il est l’heureux propriétaire de quelques hectares de vignes. "Je suis viticulteur en Aveyron. J’ai moi-même planté mes vignes et je produis de l’AOC estaing, dit-il fièrement. Notre cave a même inventé le premier "champagne" aveyronnais, le "Fest’aing"."

Et quand il n’est pas chez lui à s’occuper de ses terres, le cafetier-vigneron est aux commandes du Mistral – où les produits rouergats sont en bonne place – avec son frère Didier et l’appui de son cousin Gilbert. Et entre Aveyron et Paris, Alain Miquel se réjouit "d’avoir une vie dont beaucoup de gens rêvent".

"La France est le pays de la gastronomie. Les gens viennent manger chez nous. En plus, on fait du vin et on vient d’une très belle région !"

Une région et un département, l’Aveyron, où il souhaiterait s’installer à temps complet. "J’aimerais laisser la place à quelqu’un qui perpétue la tradition du terroir", conclut le restaurateur qui se verrait bien revenir y manger, en terrasse. Mais cette fois, en simple client.

Le Mistral : 401, rue des Pyrénées - 75020 Paris
Tél. : 01 46 36 98 20
Métro Pyrénées
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