Sébastien Bouyssière : en Aveyron, "la filière ovine est une petite filière, mais qui pèse lourd"

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  • Une filière qui irrigue une bonne partie du département.
    Une filière qui irrigue une bonne partie du département. Reproduction Centre Presse - Reproduction Centre Presse
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Animateur de France Brebis Laitière (FBL), association interpofessionnelle, il sera jusqu’à ce jeudi 25 avril au salon Provinlait de Réquista. Il porte un regard aiguisé sur l’ensemble de la filière, louant tout l"intérêt d’un salon tel que celui qui s’ouvre ce mercredi à Réquista.

Comment se porte la filière ovine, sur le plan national ?

C’est une filière qui est aujourd’hui impactée par la diminution du pouvoir d’achat et subi un impact de la guerre en Ukraine. Mais recontextualisons. C’est une petite filière, sans être péjoratif, au regard de l’agriculture française. Mais qui pèse lourd en termes de productivité du lait, puisque c’est la 5e sur le plan européen et la 12e sur le plan mondial. Elle compte environ 8 000 éleveurs et éleveuses, répartis sur environ 4 000 exploitations, basées principalement sur trois bassins : l’Occitanie, les Pyrénées Atlantiques et la Corse. Mais l’on constate au passage une hausse du nombre d’exploitation en dehors de ces trois bassins. Et la spécificité de cette filière est sa capacité à valoriser les zones de montagne. La brebis est un animal qui lutte contre la désertification.

Ce qui cependant doit avoir un coût ?

Le pendant, ce sont les surcoûts de production que génèrent la collecte et transformation du lait dans ces zones. Pour répondre à cela, la filière s’est positionnée dans les productions de qualité. Et l’on va dire qu’elle s’autonourrit avec des produits à haute valeur ajoutée, comme le roquefort, l’ossau hiraty, le brocciu, ou encore le pérail. À quoi il faut ajouter une série de fromages traditionnels. Et ce positionnement haut de gamme a du coup été touché par la baisse du pouvoir d’achat, comme de nombreux produits plaisirs.

Mais cela reste une filière qui semble solide sur ses appuis…

Si l’on parle de l’aval, on compte environ 90 entreprises qui sont élémentaires pour le territoire sur lequel elles se trouvent. C’est une industrie qui fait vivre le territoire, avec 4 000 emplois induits, auxquels il faut ajouter tout ce qui relève de la santé, la nutrition etc. Et oui, c’est une filière solide sur ses appuis, qui sur préserver des pratiques qui répondent aux attentes sociétales. Mais ce n’est toutefois pas assez connu. Ces producteurs défendent des valeurs. Une charte doit leur permettre de mieux communiquer sur celles-ci.

À Provinlait, les organisateurs évoquent le triptyque viabilité, vivabilité et adaptabilité…

L’adaptabilité est présente sur tous les aspects, qu’ils soient économiques, social, sociétal… Il y a aussi une notion de durabilité essentielle. Les éleveurs subissent les effets du changement climatique. On a la chance dans cette filière d’avoir un accompagnement technique qui va permettre d’accompagner les éleveurs dans cette adaptation. Adapter les cheptels, les fourrages, la génétique, les bâtiments, etc. Avec le Comité National Brebis Laitières (CNBL), dans une démarche de recherche et développement, et l’institut de l’élevage notamment on étudie des projets de leviers… Ce sont des sujets qui seront brossés durant le salon Provinlait.

Tout cela peut également contribuer à favoriser les installations, un sujet majeur…

On sait que les filières agricoles sont actuellement à un moment charnière. On sait que dans la filière ovine, un tiers des éleveurs vont partir à la retraite dans les 10 ou 15 ans. Il y a aussi des besoins dans la transformation. C’est une filière génératrice d’emplois, avec des métiers très diversifiés, et de grande technicité. Pour répondre à cela, il y a plusieurs démarches engagées,  le programme Inn’Ovin, les Ovinpiades qui développent l’attrait de cette filière. Le salon Provinlait entre également dans cette stratégie. À long terme, la filière aura besoin de bras passionnés !

Et à long terme comment voyez-vous l’évolution de la filière.

À long terme, on se dirige vers une hausse tendancielle de la collecte. Après les soubresauts, ça va repartir en croissance. Ce qui est très positif. Et un salon comme celui de Provinlait, organisé pa des producteurs, qui est seul de la filière ovin lait en France, et qui est organisé en alternance avec Tech’ovin à Bellac sont pourvoyeurs d’opportunités et permettent également des temps d’échanges nécessaires à la filière pour son développement.

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